L'effet Obama - Un dîner en Amérique

Publié le par L.H.

Une table était à recommander en ce soir d'investiture, le Breakfast in America (Ve arrondissement) proposait aux obamaniacs de la capitale un menu de circonstance. Dès 16h00, l'établissement accueillait les clients pour vivre en direct l'événement. Une fois le discours présidentiel terminé, c'est dans les assiettes que l'Amérique s'exprimait. Un moment atemporel, propice aux rencontres.

2227420562_22f27a3d27.jpgArrivé devant le restaurant sur les coups de 19h00, je constate qu'une foule de gens ont eut la même idée que moi, fêter ce moment historique dans un lieu typiquement américain. Le sourire se lit sur chaque visage et quelque part dans l'air flotte comme un élan de fraternité. En groupe, entre expatriés ou même seuls, les clients ont faim d'Amérique.


Un homme, costume cravate et chaussures cirées, patiente dans la queue. Arnaud Djoko, 25 ans, étudiant en école de commerce, vient souvent au Breakfast avec des amis. Ce soir, il est seul.  Je lui demande s'il est Américain. Il me dit qu'il vient de République Centrafricaine. Il se tourne spontanément vers sa voisine qui tendait l'oreille ; une dame aux cheveux argentés ramassés en chignon sous une casquette d'homme. Renée Gaston-Aubert, une Normande élancée pleine de sagesse, n'hésite pas à  montrer son enthousiasme. La discussion est engagée. Sans nous en apercevoir, nous entrons en territoire américain, dans une odeur de graillon et de fierté retrouvée.

Barack à frites

En fait de restaurant il s'agissait plus d'un snack chic, gourbi sans prétention qui aurait très bien pu se trouver sur le bord de la route 66. La décorations rouge, blanc, bleu en papier crépon, la télé branchée sur CNN et le mobilier en sky rouge et chrome nous plonge dans l'Amérique prolétaire. Celle qui aime la cuisine simple, qui tient au corps. Au menu, « Red White Blue Pancake », « Yes we can Omelette » et « Obama Burger ». J'opte pour ce dernier : une montagne de boeuf et d'oignons grillés couronnés d'une saucisse engluée de fromage fondu, le tout arrosé d'une sauce échalote cornichons. Les frites sont-elles de trop ? Pensez-vous.


Renée me parle de sa tante fusillée par les Nazis, de son fils métisse et de sa foie renaissante en l'avenir de l'humanité. Autant de parties de son identité qui résonnent en harmonie avec l'histoire qui s'écrit. « J'ai 70 ans, jamais je n'aurai cru vivre assez longtemps pour assister à ce moment, c'est merveilleux ! », me confie-t-elle entre deux bouchées.


Arnaud, d'une lucidité peu commune, s'interroge sur la capacité d'Obama à concrétiser tout l'espoir fondé en lui. « Je garde la tête sur les épaules, il y a d'abord une crise financière à résorber et une image de l'Amérique dans le monde à redorer. Attendons avant de voir en lui le nouveau Mandela. » Il ne peut cacher cependant qu'il espère que le 44ème président des États-Unis soit à l'image de ce restaurant, simple, populaire et efficace. L'avenir nous le dira.

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